Article de presse publié dans « LA DEPECHE »  le 29 septembre 2011

Morte, la pelouse du Stadium ? «Le sol est désormais déstructuré, le substrat asphyxié… et l’infrastructure même du Stadium produit trop d’ombre». Les explications de cet expert que nous avons retrouvé.

Dans quel état sera la pelouse du Stadium, samedi, après le match Stade toulousain/Clermont ? Comme nous le relations dernièrement, malgré les interventions successives ces dernières années pour reverdir la pelouse, le gazon est en piteux état et les dernières rencontres TCF-Nice fin août, puis TFC-Nancy samedi dernier, ont montré la limite des remèdes de cheval appliqués pourtant par la Direction technique des sports de la ville de Toulouse.

Nous avons retrouvé Jean-Louis Goxes, ancien jardinier municipal puis responsable de l’entretien de la pelouse du Stadium (1979-1999)… particulièrement verdoyante lors de la Coupe du Monde de 1998 ! Il co-dirige aujourd’hui une société conseil chargée de l’entretien des terrains de sports (dont le Centre national de rugby de Marcoussis) des pelouses de Bernard Arnault le PDG de LVMH… Cet expert nous a confié son analyse. De terrain.

Selon vous à quand remontent les déboires de la pelouse du Stadium ?

Les premiers problèmes sont apparus en 2006. La municipalité de l’époque avait fait refaire la pelouse en faisant appel à une entreprise lyonnaise « Parcs et sports » qui a désherbé, décapé, sablé avant de plaquer du gazon. Le drainage avait été renforcé, et en particulier les fentes de suintement, pour favoriser l’infiltration, le ruissellement de l’eau de surface.

Et ?

Lorsqu’ils ont fait ce drainage au printemps 2006, ils ont travaillé en force. Ce travail a déstructuré complètement le sol. En novembre 2006, quelques mois après, la pelouse était morte. À partir de novembre 2006 jusqu’à mai 2007, l’équipe des jardiniers avait refait tous les travaux mécaniques nécessaires pour réimplanter une pelouse qui tienne, qui soit bien enracinée. En septembre 2007, on a eu la Coupe du Monde de rugby. La pelouse a bien tenu. En 2009 de nouveaux problèmes ont réapparu. Je reste convaincu qu’ils sont liés directement à cette déstructuration du sol et à une asphyxie du substrat.

Quelle solution ?

Quel que soit le mode de travail, il faut reprendre la structure et texture du sol qui sont mauvaises.

Vous évoquez aussi la qualité du sable utilisé…

En 2009, lorsqu’ils ont replaqué la pelouse ils ont ramené du sable qui état trop fin (c’est le même que celui de Toulouse plage !) quand on met des plaques de gazon sur ce sable-là, les racines végètent dans la couche sableuse et ne s’ancrent pas dans le substrat. C’est une erreur de resabler, le terrain est déjà à 80 % sablonneux. Dès qu’il y a un match, ça s’arrache ! L’analyse du sol le prouvera. Il faut tout refaire ! Décaper le terrain sur 20, 25 cm, refaire le substrat et remettre des plaques ou semer avec des graminées pérennes. Cela signifie un mois pour les travaux et 2 à 3 mois selon si l’on plaque ou sème pour pouvoir y jouer.

L’infrastructure du Stadium
Le Stadium est sur une île. Il y a eu des rehausses de tribunes, et il va y en avoir d’autres pour préparer l’Euro 2016… Il y aura beaucoup d’ombre dans le Stadium, l’hiver un tiers de la pelouse est déjà à l’ombre, le gazon a besoin de soleil, sinon il végète. C’est aussi le mal le plus profond, chaque année à la même époque, le terrain est rempli de « pâturin annuel », et cette graminée n’a pas de racine.
Recueilli par Valérie Sitnikow